Pour une Educaction populaire Positive-----LAIB Azedine

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Envies authentiques et droit à la concentration

Tendez vos oreilles, Messieurs Dames les Pédagogues, et vous saurez percevoir le propre malheur de nos adolescents: "Je n'ai pas envie d'aller à l'école"; "je n'aime pas l'école !". Pourvu que l'expression de cet écoeurement soit des plus simples et des plus flagrants. Pourvu que leurs réponses soient des plus certaines et des moins contestables. Réponses qui ne négocient pas. Réponses qui n'invoquent rien, qui se livrent sans se défendre et qui se moquent d'elles-mêmes. Nos jeunes semblent ne plus rien entrevoir, plus grave, ne plus rien penser. A peine privés qu'ils sont du sentiment des possibles, du fantôme de cette confiance qui entrevoit les aléas de positivités à venir, les imaginations permises, les matières de puissance prodigieuses. Ils ont l'air, comme cela, partout, où qu'on les croise, où qu'on les atteigne, accablés d'involonté, lassés d'émeutes, rendus, diminués, saoulés d'auto-motivation, ou d'indignation hypocritement inspirée.

 

Car, vous les interrogeriez, ils vous répéteraient avec force que le pire de toutes leurs détresses, le plus pénible dans cette ambiance sévère et laide, c'est la souveraine hypocrisie assise, sa réglure à tous les niveaux, traitre, infâme, cracheuse et muette. Elle est là, honnêtement établie, en échange de tout, en toute personne, tout endroit. Elle commande les conditions. Elle réprime, maîtrise, appelle les devoirs et les droits en l'Ecole. Elle somme sa mesure, et compose sur-le-champ les idées et les opinions à avoir.

 

Ainsi, n'est-il pas courant de voir cette chimère sans-coeur insuffler des desseins fougueux, grands et beaux à nos disciples, et dans le même temps, cette même chimère, frappée d'une crainte panique, se démasquer la mauvaise perfidie, la fallacieuse conduite qui, d'un côté, exhorte à la conscience morale et citoyenne, et de l'autre, soustrait l'Indignation dont on rêve, la châtie ou la chasse purement et simplement des établissements.

 

Cette fausseté cause dans le quotidien des peines, des chagrins et des incompréhensions immenses et terribles. Nos adolescents finissent par être troublés. Certains sont noyés dans les compromissions étouffantes, quand d'autres se languissent dans l'oisiveté, le silence sublime ou l'intoxication insidieuse. Cette dernière discréditant tout - savoirs, opinions et vies - démoralisant tout et se détournant de tout. Diable ! L'on comprend après cela que la première des obligations que l'on se doit d'assumer est un hommage, une correction exemplaire à rendre à destination de nos élèves. Le mal commence là; c'est là qu'il dort douilletement. C'est de là qu'il s'éveille. L'envie d'école réclame premièrement la ferveur du plus sacré des respects: l'Authenticité;

 

Mieux encore, la Loyauté. Le Lycée de Rêve sera un établissement qui aura pour source de déversement la bonne foi, la vérité, la droiture et le sens de l'Honneur. Nos jeunes se feront admettre les matins de bonnes grâces, avec douceur, gentillesse. Il s'agira d'ouvrir chaque début du jour leurs volonté. La manière de les gagner accusera une mine qui aime,qui sourit, comme pour ne leur vouloir que du bien. Ce traitement devra exclure toute fausse impression. Il s'exprimera spontanément, profondément et sincèrement. En sorte que l'individu qui n'éprouverait pas naturellement la disposition profonde à accueillir nos élèves de la sorte, serait libéré de l'obligation et de la grâce de l'accomplir.

 

C'est que l'effort intellectuel est une activité, une maniaque application qui se nourrit de tant d'âme et de tant d'amour. L'esprit ne s'oppose pas à la sensibilité. Il lui est complémentaire. L'intellect requiert de la bonne disposition, du soin, de l'action agréable et douce, de la gentillesse qui procure et fait briller l'envie d'apprendre, la curiosité excitante de connaître chaque fois plus.

 

La chose réussie ( plus que la réussite, simple état statique de notre objet d'étude) commande le don formidable d'un formidable amour. C'est la plus haute des conditions en la matière. Rien de cartésien derrière cette belle inspiration. L'idéal de l'élan devra être strictement humain, fait de chair et de compréhension pleinement douce. Le caractère de celui ou celle dont on aura la charge trouvera autant que possible le bien-être complet, parfait. En outre, l'intention consistera à chasser tout ce qui entravera l'envie d'apprendre: froid, nourriture, éclairage, ambiance d'étude...Autant de broutilles insignifiantes, dépourvues de sérieux en apparence, mais qui appréciées pour elles-mêmes deviennent le dur corps d'une réalité que l'on qualifie communément d'échec scolaire. 

 

Dès les matins, nos jeunes seront pour eux-seuls LA préoccupation rêvée. Nulle ruse! Nul artifice! La visée sera sincère de les introduire au sein de l'Atelier, tels qu'ils seront, flottants, abîmés, las, ennuyés, affamés, saturés... et notre devoir résidera dans l'action impérieuse de réparer les carences fugaces interdisant toute affaire de concentration. Car, de fait, le principe fondamental de notre office est contenu entièrement dans ce droit au silence ou pour mieux dire, ce droit primaire à la concentration.

 

Condition préalable que nous considérons comme l'essentialisme de toute éducation digne et retentissante. Ramenée à la situation qui nous regarde aujourd'hui, nous pourrions aisément révéler le caractère majestueusment tragique, scandaleux, d'une réalité des Lycées devenue criminelle, coupable, voire malhonnête et entretenue comme telle. N'est-il pas d'intérêt public, pour autrement l'énoncer, de garantir l'état lamentable d'un ensemble conçu dans l'esprit et la matérialité à des fins pernicieuses et tactiques? Se peut-il comprendre d'une manière différente l'affirmation impudente d' "Egalité des Chances", lorsque dans le même temps, par un jeu de circonstances curieux, la géographie, la sociologie, la démographie, l'économie locales des établissements scolaires sont à contre-courant de ce postulat premièrement posé ?

 

Il n'est, sans la moindre réserve, à envisager, nous semble-t-il, aucune éventualité de chance, aucune perspective d'élévation intellectuelle de population -élévation, nous insistons, suffisamment éloquente - dans les conditions néfastes actuelles qui donnent à imposer autoritairement, légalement les combinaisons préméditées d'un système armé dans ses fers contre le droit indispensable à la concentration. Ce droit d'ailleurs surpassant sa qualité propre de droit est encore bien autre chose: un forçage de pensée et un forçage civique au service de la pleine et entière application, source de tous les plaisirs.

 

 

 Auteur: LAIB AZEDINE.

 



19/07/2012
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