Pour une Educaction populaire Positive-----LAIB Azedine

Pour une Educaction populaire Positive-----LAIB Azedine

De lenteur ou le temps juste retrouvé.

 

Et ces pédagogues ne seront plus de commodes et simples précepteurs. Ils se prétendront fièrement, fièvreusement "professeurs de vie". Ils se poseront en tant qu'affranchisseurs fermes d'âmes, d'esprits volontaires et libres. Ils s'érigeront en rempart à la nature délicate de nos jeunes. Abri chaleureux où l'on sait trouver les deux mamelles originelles de la grâce scolaire, à savoir: la qualité du temps et si simplement le temps de vivre.

 

L'Atelier se règlera dans la mesure et la pensée faites d'une règle obligatoire et définitive reposant sur l'intuitif objet premier du temps. Qualité du temps. Temps. Durée et milieu à la fois indéfinis et inconstants; et qui mériterait d'être tenu pour ce qu'il est seulement, strictement, pour ne pas dire davantage, encore bien plus, auprès de ce qui regarde le fonctionnement si modeste et si foisonnant de nos élèves. Nous nous plairons exactement d'une confiance heureuse à recouvrer la consolation, l'essor nouveau, devrions-nous dire, le réveil empressé de la Lenteur prodigieuse au coeur de nos Ecoles.

 

Ainsi, nous formons l'espoir, un peu à l'instar d'une belle floraison que l'on attendrait venir paisiblement en son calme jardin, de voir se réaliser ce péril, cet événement contre-conformité du siècle nouveau, celui de l'Atelier, précisément des momens vides, des instants dépourvus de moindre sens, de moindre occupation, sans nulle présence intéressée qui tienne à l'esprit, sans nulle compensation réciproque ou avantage troqué au coeur. Nous croirons à l'Ennui, à la force pleine et fertile de l'Ennui, à la vacance du temps, hautement nutritive, hautement signifiante. Ce sera alors le champ laissé de la nature pure, utile de l'humain qui se risquera à occuper de ses sensations les plus élémentaires, de ses stimulations les plus hasardeuses, l'espace de sa vie, au moyen de ce qu'il s'autorisera à imaginer, à inventer ou à dépasser en lui-même.

 

Lenteur et Ennui ne feront plus qu'une oeuvre unique, un seul équilibre tenant très près au mouvement synchronisé et tempérant de l'apprentissage. Il ne s'agira plus de soumettre l'intelligenceà la perfection enjointe, contrainte et crispée. Il n'importera plus de courir après les affaires acharnées, après les susceptibles métiers que l'on déteste, après les travaux enragés qui rendent plein, sans ne jamais rendre bien. Il ne sera plus question de promptitude à engranger rondement des savoirs et des connaissances. Ni même, il ne se comprendra plus le projet imbécile, oppressant de devancer les besoins, la direction et le rythme d'apprendre de l'étudiant. La réussite ne se conditionnera pas. La réussite ne se conditionnera plus. Nous congédierons à tout prix toute pédagogie sourde et muette de projet.

 

Alors l'Education sera définitivement pour nous une qualité usuraire de temps. Nous en convoquerons même le postulat. Il ne nous préoccupera plus de nous intéresser à pourvoir nos élèves d'un certain nombre de préceptes, de compétences requises par une finalité absolument artificielle et arbitraire, que l'on aura dans ce cas là prédéfinie en amont. Non. Mieux, il nous reviendra d'impartir une intellection nouvelle au sujet de la chose éducative et scolaire:

 

-En premier, nous nous soucierons d'absorber, de pénétrer, de retenir et d' inculquer à nos jeunes la notion d'"inécessité" du temps. La durée ne se réclamera plus. La durée ne se fixera plus. L'élève fondera selon sa disposition, selon sa perception du moment, la distribution sensible de sa propre durée, de sa ou ses périodes de stimulation (temps forts/ temps faibles), suivant ses lignes motivantes et motivées durant la séance qu'il aura à façonner. Nous aurons à coeur d'honorer ses capacités approbatives, même au besoin, nous lui justifierons les déroulements rituels des séquences d'apprentrissage; et il les embrassera volontiers, ou les déclinera aussi volontairement.

 

-En second, nous explorerons, avec toute la beauté de l'assurance forte qui croit, cela, l'abstraction noble du temps de l'acceptation relative que l'on omet. Nous nouerons alors la foi éloquente avec le principe élémentaire de la liberté nourricière de l'apprenant qui habite seul le pays de son rythme et de sa volonté. Tel que nous l'inventerons en rêve, l'adolescent se manoeuvrera pareil à un considérable vaisseau mouvant qui se devra de lui-même se mettre en harmonie avec les climats et les flots aléatoires de la vie qui se trouveront devant lui. Nous compterons largement sur l'envie et sur la précieuse oisiveté. Celle-ci, dont on sait tant qu'elle se dispose à loisir et à profusion, ne se laissera plus supplier, ou fermement, ou bien volontiers. Celle-ci se pliera à obéir forcément, jusqu'à ce qu'elle se voudra de vouloir vouloir. Nous n'implorerons plus. Nous ne tomberons plus à genoux devant l'appétence qui se dégoûtera de nous, des objets  et des savoirs que l'on devra céder. Nous ne préconiserons plus que l'acceptation relative dont nous honorerons la lente naissance. Aussi longtemps qu'elle se réclamera, inéluctablement, comme un besoin, comme une exigence, comme une fin.

 

-Enfin, nous prétendrons immodéremment - nous oserons, c'est certain - à soutenir un temps d l'assimilation intéressée en même temps qu'un temps de la réparation sauvée. Tout sera ultimement long et lent de voir s'éclore les esprits frais de la conscience qui se sait et sait tout le prix de l'Instruction et de l'Institution qui la possède et la pourvoit.Nos jeunes entendront le mouvement sacré qui se cherche l'excitation magique derrière tant de précautions. Ils entendront ce qui devra  amener tous ceux d'entre-eux à exercer leur volonté suivant des risques et des périls qu'il leur tiendra de heurter. L'erreur ne sera plus un poids, une honte, une défectuosité moribonde à en désespérer. L'erreur s'amusera plutôt d'être une chance; une intensité redoutable à faire avancer; l'occasion ravie d'activer le développement, de hâter les charmes de la maturité et du déploiement jeunes.L'échec ne sera plus en ce qu'il finira conscience de ce qui le fait et le parle vraiment: le refus constant de braver les avertissements salutaires de la formation. Le refus de voir pousser une volonté, la sienne, et qui se jurera de ne plus jamais dépendre des autres; et qui se jurera comme jamais de ne dépendre que d'elle-même.

 

Auteur: LAIB AZEDINE.



29/11/2012
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